Plongée dans le centre historique de Lima
Entre espoir et désenchantement
Bien qu’elle en donne l’impression à certains égards, Lima n’a pas complètement fait table rase du passé. Elle s’efforce de préserver et de valoriser son centre historique, dont elle rappelle fièrement qu’il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1991. Quartier chargé de lourds symboles pour la capitale et son pays, il témoigne de la fondation de la ville par le célèbre et charismatique chef conquistador, Francisco Pissarro en 1535. L’application d’un tracé de rues en damier, à l’époque, préfigure un mode de conception caractéristique de l’urbanisme moderne des siècles postérieurs. Les nombreuses façades de couleurs vives, bordées de leurs balcons finement taillés dans le bois, les somptueuses casonas coloniales, les églises et couvents au style baroque, ravivent le souvenir de la splendeur des siècles de la vice-royauté espagnole.
La monumentale et élégante Place San Martin, qui honore le charismatique général argentin, libérateur du Pérou en 1821, est l’un des espaces publics vitrines du centre historique, mais également l’un des plus modernes, puisque sa conception et ses édifices au style néocolonial, remontent au début du XXe siècle. La place est traversée par deux artères de forte affluence, la grande Avenue Nicolas de Piérolas, du nom de l’ancien président du Pérou, et la Jiron de la Union. Cette dernière possède un long segment piétonnier très commerçant, menant dans les parties les plus anciennes du centre historique jusqu'à l’imposante Places des Armes.
Photo de l'emblématique rue commerçante et piétonne, Jiron de la Union. Elle est l'une des plus fréquentées du centre historique.
La Place des Armes constitue le cœur originel de la ville. Elle abrite le siège des plus hautes instances politiques, dont les somptueux palais du gouvernement et de la municipalité, le palais archiépiscopal et enfin la colossale cathédrale de Lima, qui a avait été détruite par un tremblement de terre puis reconstruite. Malgré sa monumentalité, la Place des Armes, ne procure pas l’admiration que l’on pourrait espérer d’un lieu si symbolique pour une capitale. La sobriété de l’aménagement des espaces centraux et des « jardins », le manque d'espaces verdoyant, et la largeur des voix automobiles qui encadrent la place, affectent la qualité visuelle du site.
Dans l’ensemble, le centre historique révèle de forts contrastes. Si l’hypercentre, de taille modeste, reste relativement bien conservé, plus fréquenté et plus sûr, son pourtour ne l’est pas autant. En effet, en parcourant l’Avenue Abancay, quelques blocs plus loin à l’Ouest, on découvre un tout autre centre historique, plus délaissé et moins sûr. De même, à quelques encablures derrière la Place San Martin, plus au Sud, en direction du Palais de Justice, l’environnement urbain devient plus hostile, faisant naître un sentiment d'insécurité. Au nord, l’hypercentre est délimité par le fleuve Rimac. Au-delà du fleuve, le quartier Rimac, accessible par plusieurs ponts, possède également un riche patrimoine historique, mais son exploration nécessite davantage de vigilance.
Par ailleurs, certaines zones, certes vivantes et dignes d’intérêt sur le plan patrimonial, ne semblent pas épargnées par l’occupation sauvage et la détérioration. Nombreux sont les immeubles anciens, peu voire pas du tout entretenus, souvent occupés par des formes de commerce informel. L’état général des édifices reste très inégal. A nouveau, si certaines artères commerçantes piétonnes, souvent les plus fréquentées, apparaissent rénovées, on retombe assez rapidement, au détour d’une rue, sur un bâtit taggué, dégradé.