L'autre visage de Lima (fin d'exploration)

Les 480 ans de Lima

A l'occasion du 480e anniversaire de la fondation de Lima par Pizarro en 1535, le centre historique (voir aussi l'article précédent sur le centre historique de Lima), comme à l'ordinaire très animé, devient le théâtre privilégié d'intenses manifestations festives, musicales, artistiques, gastronomiques et culturelles, tant formelles que spontanées. Cette effervescence unique qui s'empare des rues et des places du centre, témoigne de la réelle vitalité de ses espaces publics et de l'énergie créative émanant de ses habitants.

La veille, aux abords du centre historique, on pouvait encore observer la présence ostensible de policiers et d'agents de maintien de l’ordre, déployés près des hauts lieux de pouvoir et de rassemblement, afin de contenir la foule de jeunes manifestants venus exprimer leur colère contre une nouvelle loi gouvernementale menaçant de précariser l'emploi des jeunes (Ley Pulpin). Sur les façades d'édifices anciens, nombreux sont les graffitis et inscriptions sauvages appelant au soulèvement de la jeunesse. Au-delà des problèmes récurrents d’insécurité, largement médiatisés, Lima cristallise les principales luttes sociales et politiques qui agitent le pays.

La présence d'un important dispositif policier aux abords des lieux de rassemblement et de pouvoir, comme ici sur la Plaza Mayor

Le Palais présidentiel (Palacio de Gobierno), sur la Plaza Mayor

Protestation contre la loi du ministre Pulpin, qui visait à réduire le travail informel des jeunes tout en assouplissant la règlementation sociale enfaveur des employeurs. Photo tirée du site archivo.larepublica.pe

Les autres facettes que dissimule Lima

Malgré certains travers largement reconnus (ref. aux articles précédents sur l'urbanisme, l'archiecture, l'environnement, l'insécurité, le cadre de vie etc.), Lima continue de séduire. Certains arrondissements, en bord de mer, adoucissent ses traits et rehaussent sa réputation, tels Miraflores, Barranco ou encore San Isidro. Miraflores, point de départ de l'exploration, fait figure de vitrine pour la métropole en matière de cadre de vie. Arrondissement rejoignant le front de mer, à la fois branché et touristique, il mêle activités commerciales, financières et résidentielles. Malgré ses hôtels, ses casinos, ses parcs et son élégante église de la Vierge des Miracles construite dans l’Entre-deux-guerres, Mira Flores n’a peut-être plus tout à fait l’âme et le charme du quartier balnéaire qu’il était jadis. Comme constaté dans d'autres zones de la ville (ref. article précédent sur le chaos architectural et urbain de Lima), la dynamisation économique et la mutation accélérée du tissu urbain ont favorisé la multiplication disparate de tours aux formes bigarrées, au détriment d’une esthétique et d’une identité architecturales et paysagères cohérentes. Miraflores n'en reste pas moins l'un des districts les plus vibrants et des plus prisés des classes moyennes supérieures, des élites locales et de la commuanuté d'expatriés.

L'élégante église de la Vierge des Miracles construite dans l’Entre-deux-guerres, à Mira Flores

Le Parc Kennedy à Miraflores. Photo tirée du site tripomatic.com.

Quant au district de Barranco, il redonne à Lima un visage plus humain, à l’écart de l’agitation urbaine. Souvent perçut comme le « Montmartre » de Lima, il a attiré au cours des décennies de nombreux écrivains, poètes, artistes et amateurs d’art, à la recherche d’un cadre de vie à la fois vivant et apaisé, propice à l’épanouissement d’un esprit créatif. Son ambiance bucolique, sa romantique balade piétonne menant à la plage et passant sous le célèbre Pont des Soupirs, le charme de ses édifices bourgeois coloniaux, de ses restaurants et bars, font de Baranco l’un des quartiers les plus appréciés des touristes et des Liméniens.

Photo du célèbre Pont des Soupirs, dans le district historique de Barranco.

La nuit tombée, sur le littoral de Miraflores, on est pris d’une étrange et agréable sensation à mesure que le brouhaha de la métropole s’amenuise, remplacé par la douceur du bruit des vagues. En se promenant le long de l'Avenue Malécon de la Reserva, au pied des tours face à la mer, on découvre les nombreux espaces d’agrément aménagés jouxtant l'emblématique complexe commercial Larcomar, symbole d'une Lima prospère. Sur près de 45 000 m2, Larcomar comprend boutiques, restaurants branchés, bars, prestigieuses discothèques, hôtels de luxe, un théâtre, un cinéma, et des espaces de promenade, le tout donnant sur l'océan Pacifique. A l'horizon, le long de la côte, on peut admirer les scintillements de la ville, en particulier l'éclat de la monumentale croix de Chorillos, plantée sur le versant des falaises. Semblant faire échos à l’autre grande croix du mont San Cristobal, située à l’autre bout de la ville sur les collines de Rimac, la croix illuminée de Chorillos regarde vers la mer, telle un phare dans l’immensité urbaine. Ainsi s'achève ces deux journées d'exploration urbaine à Lima.

Situé au bout de l'Avenue Larco, à Miraflores, le centre commercial Larcomar a été construit en 1998, il est visité par plus de 450 000 personnes par jour. Son architecture repose sur une intégration forte de ses espaces d'agrément avec l'espaces public. Photo tirée de tripadvisor.co.uk.

La croix illuminée de Churillos, à l'horizon. Elle avait été érigée en l'honneur du Pape Jean Paul II, lors de sa visite en 1988. Lien : https://www.flickr.com/photos/13660804@N02/4549925698