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Première impression sur les liméniens

1 Avril 2015, 16:50pm

Publié par citybrainproject.over-blog.com

Interlude sur l’Avenue Javier Prado

Début d’après-midi ensoleillé, sous une lourde chaleur, je décide de faire une pause. Je déjeune dans un espace de restauration rapide, bondé de monde, du centre commercial La Ganadora. Ce dernier, situé sur l’emblématique Avenue Javier Prado, est l’un des nombreux "malls" implantés dans le centre de Lima, où s'empressent chaque jour les liméniens, pour faire leurs emplettes.

L’Avenue Javier Prado, du nom du célèbre historien, philosophe et avocat, figure politique du Pérou au XXe siècle, est une longue et large voie rapide qui sectionne d’Est en Ouest, huit districts du centre de Lima. C’est le long de cet axe que l’on trouve certains grands équipements, sièges de grands groupes et institutions péruviennes majeures tels que le Musée de la Nation, l’université de Lima, le siège d’Interbank, la Bibliothèque Nationale, le Jockey Plaza, qui fut le premier centre commercial de la ville, ou encore l’« Estadio Monumental », colosse de 80 000 sièges, le plus grand stade de la ville.

Le matin, j’avais essayé de me rendre au Musée de la Nation, édifice adjacent à l'imposant Ministère de la Culture. On me l’avait recommandé, non pas pour son architecture extérieure, qui donne à voir une immense structure parallépipédique bétonnée, de style brutaliste, mais pour la qualité de ses expositions sur l'héritage pré-colonial, et ses espaces d’étude ouverts au public. Le musée étant fermé, je m’étais finalement rendu, à une cinquantaine de mètres plus loin, à la Bibliothèque Nationale du Pérou, autre imposant édifice géométrique austère, à l’architecture caractéristique des années 70.

Le Ministère de la Culture et le Musée de la Nation, sur l'Avenue Javier Prado.

Le Ministère de la Culture et le Musée de la Nation, sur l'Avenue Javier Prado.

La Bibliothèque National du Pérou / Photo tirée du site larepublica.pe

La Bibliothèque National du Pérou / Photo tirée du site larepublica.pe

Impression distillée par les habitants de Lima

La population de Lima m'apparaît à l’image de sa ville, diverse par son métissage[1] - la communauté asiatique y est la plus importante du continent sud-américain- accueillante à certains égards, créative, capable d’ouverture sur le monde, d’adaptation à la modernité, et d’hypersociabilisation, mais également nerveuse, pressée, hyperindividualiste.

Le terme de « compétition », prend ici une connotation particulière. Il semble animer les comportements au quotidien. Il suppose que chacun ait à adopter une attitude directe et insistante pour parvenir à ses fins. C’est un trait que j’avais pu observer également, mais de manière moins prononcée, dans des villes provinciales du Sud. Quelque soit l’âge et le métier, chauffeur de taxi ou personnel d’un restaurant, musée ou magasin, simple commerçant ou travaillant pour un tour opérateur, chacun a recours à des techniques de séduction offensives pour inciter, voir acculer toute clientèle, habitants et surtout touristes, à faire l’achat d’un bien ou d’un service. Toutes les occasions sont bonnes pour vendre ce qu’on a à offrir ; vêtements, tatouages, dollars, boissons, confiseries (golosinas), au détour d’une rue fréquentée, au pied d’une église, pendant un spectacle de rue, dans un bus, une file d’attente, à la sortie d’une école. Au début, on peut avoir le sentiment d’un harcèlement quotidien et s’en agacer, puis rapidement on s’y accommode, on s’indiffère.

Ces comportements révèlent toutefois une certaine propension de la population locale aux affaires et au commerce, facteur propice au développement d’une économie de marché dynamique. Même parmi les plus nécessiteux, la poursuite d’une activité, aussi précaire et informelle soit-elle, semble préférée à la mendicité. Mais c’est davantage l’insuffisance de cadre et de régulation de certaines pratiques et secteurs de la société, qui pose problème, notamment en matière de services publics urbains ou d'offre éducative (prochain article sur la crise de régulation des services publics urbains…).

[1] Les liméniens forment un brassage ethnique spécifique, bien observable sur le terrain. Il comprend les créoles (péruviens dont l'ascendance européenne remonte à l'époque des colonies), des immigrés européens, les afro-péruviens (descendants d'esclaves noirs) ,les amérindiens mais aussi une importante population chinoise et japonaise arrivée dès le XIXe siècle.
Symbole de l'influence chinoise à Lima, les nombreux Chifas, ces restaurants fusionnant gastronomie chinoise et péruvienne (Photo extraite de https://www.flickr.com/photos/motoperu/8281898787/)

Symbole de l'influence chinoise à Lima, les nombreux Chifas, ces restaurants fusionnant gastronomie chinoise et péruvienne (Photo extraite de https://www.flickr.com/photos/motoperu/8281898787/)

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