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Malmö, un avant-gout de la ville du futur ?

18 Novembre 2012, 11:23am

Publié par citybrandproject.over-blog.com

La Turning Torso, élément clé du marketing urbain de Malmö

En remontant vers le Nord de la presqu'île, en direction de la mer, on tombe sur la surprenante Turning Torso, conçue par l’architecte "star" Santiago Calatrava8 et officiellement inaugurée en 2005. La forme élancée et torsadée de la tour, dont la hauteur suscite l’admiration, démontre une créativité et une véritable audace architecturales à l’œuvre. 

La tour, l’une des plus hautes des pays scandinaves, incarne la dynamique amorcée dans l’ensemble de la zone visant à revitaliser les larges friches héritées de la crise industrielle des quinze dernières années. Elle témoigne également d’une volonté des autorités locales d’inscrire Malmö dans la modernité et de lui réinventer une identité visuelle. Celle-ci était autrefois marquée par Kockumskranen « la grue de Kockum », énorme pont roulant de l’ancien chantier naval, qui a aujourd’hui été démonté et vendu en Corée du Sud. La tour se veut aussi exemplaire sur le plan environnemental et énergétique, le bâtiment n’utilisant que des énergies renouvelables. La Turning Torso, élue vainqueur du prix MIPIM pour le meilleur bâtiment résidentiel en 2005, constitue ainsi un élément clé de la politique de marketing urbain de Malmö. Elle a participé grandement à restructurer l’univers de perception des habitants et des visiteurs sur leur territoire, constituant ainsi un vecteur puissant et efficace d'identification de la ville à l'international.

8Voir notre article sur l’aéroport de Bilbao, conçu par le même architecte.

La Tour Turning Torso, inaugurée en 2005 et conçue par l'architecte Santiago Calatrava. Elle culmine à 190 m, ce qui en fait la deuxième plus haute tour d'habitation d'Europe et le plus haut bâtiment de Scandinavie.

La Tour Turning Torso, inaugurée en 2005 et conçue par l'architecte Santiago Calatrava. Elle culmine à 190 m, ce qui en fait la deuxième plus haute tour d'habitation d'Europe et le plus haut bâtiment de Scandinavie.

L’écoquartier de Vastra Hamnen, vitrine sociale ?

La visite de l’ écoquartier de Vastra Hamnen, B0o1, du nom de l’exposition qui lui est consacrée en 2001, constitue une étape obligatoire du voyage d’étude à Malmö. Il suppose la découverte d’une autre manière de construire et de concevoir la ville, respectant les impératifs du développement durable. Après avoir dépassé la Turning Torso, qui marque l’entrée symbolique de cette zone vitrine, je m’oriente vers les blocs d’immeubles situés à l'extrémité de la péninsule. On constate d’abord, à notre surprise, la localisation particulièrement excentrée du site, par rapport au reste de la ville. Sur notre chemin, se trouve un bâtiment éco-design abritant un centre de chirurgie esthétique. Puis en poursuivant on note la présence de voitures haut-de-gamme stationnant aux abords de l'écoquartier, dont certaines d'entre elles sont même garées en travers de ruelles. 

L’écoquartier nous laisse un sentiment mitigé. Certains éléments suscitent l’admiration tandis que d’autres laissent clairement interrogatifs.

L'écoquartier Bo01 en bord de mer. Celui-ci compte 1908 habitants et s'étend sur une surface de 22ha.

L'écoquartier Bo01 en bord de mer. Celui-ci compte 1908 habitants et s'étend sur une surface de 22ha.

L'écoquartier Bo01, un avant-gout de la ville de demain ?

La recherche de qualité architecturale, la créativité et l’originalité du design, la diversité des formes et des couleurs ne passent pas inaperçue en explorant les ruelles de l’écoquartier. 

Ce dernier, bien qu’excentré du centre-ville, est idéalement situé en bord de mer. Le long de la côte, des quais entièrement conçus en bois, ont été aménagés en promenades, offrant aux piétons la possibilité d’y déambuler et, lorsque les températures le permettent, de prendre un bain de mer. L’expérience visuelle générée par la juxtaposition d’immeubles de faible hauteur à l’architecture futuriste, en bordure des quais et de la mer, est remarquable. Une harmonie de formes et de couleurs se dégage de l’ensemble, enjolivée par les rayons de soleil se reflétant somptueusement sur les murs blancs et les façades vitrées des édifices. 

Devant un tel panorama, on ne peut s’empêcher d’avoir à l’esprit les notions de « ville durable » et de « ville de demain ». Bo01, avec son architecture et son urbanisme avant-gardistes, entend bien offrir un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler la ville des trente prochaines années.

L'écoquartier Bo01 en bord de mer.

L'écoquartier Bo01 en bord de mer.

C’est la proposition d’un nouveau modèle urbain qui est suggérée, au sein duquel les techniques déployées au service de la performance environnementale et énergétique jouent un rôle prépondérant. L’organisation des circulations et des espaces publics est pensée méticuleusement avec le soucis permanent ne pas impacter négativement l’environnement. La physionomie de l’écoquartier est pensée sur le mode du village traditionnel avec ses ruelles sinueuses, ses immeubles bas, à deux ou trois étages. Les petits cours d'eau s’écoulant entre les habitations apportent une sensation de tranquillité et d’apaisement. L’architecture de l'ensemble paraît homogène bien qu'en réalité l’habitat y soit caractérisé par une architecture particulièrement variée, présentant un certain charme et indiquant une véritable recherche d’esthétisme. Le bois est l’un des matériaux les plus utilisés. Les grandes façades vitrées qui laissent entrevoir l’intérieur des appartements accentue l’impression d’ouverture vers l’extérieure et de proximité. On a le sentiment de se trouver dans une petite communauté villageoise autonome avec ses habitants, son mode de vie, ses habitudes et son propre mode de fonctionnement. On en viendrait presque à oublier l’abondance de procédés et innovations technologiques présente sur le site.

Dans une piétonne de l'écoquartier Bo01.

Dans une piétonne de l'écoquartier Bo01.

La question de la « performance » sociale

Néanmoins, au delà de ces qualités architecturales, esthétiques, techniques et environnementales, certaines questions affleurent. Tout d’abord, l’écoquartier est au cœur d’un processus de transformation d'une zone anciennement polluée, contaminée autrefois occupée par des installations industrielles. Il participe également d'une dynamique marketing initiée par la municipalité en vue de booster la visibilité de la transformation de son ancienne zone portuaire. L'opération pilote est ainsi devenue une véritable attraction touristique suite à l’exposition européenne B0o1 sur la ville de demain qui avait pour ambition de créer grandeur nature une vitrine "éco-technologique" de l’aménagement durable. Les logements, au départ intégrées à l’exposition ont été par la suite habités, au point qu’aujourd’hui ces logements sont très convoités et coûtent excessivement chers. 

Dans le coeur de l’écoquartier Bo01. L’eau, la diversité architecturale, l’atmosphère villageoise font partie des éléments caractéristiques du site.

Dans le coeur de l’écoquartier Bo01. L’eau, la diversité architecturale, l’atmosphère villageoise font partie des éléments caractéristiques du site.

Un sentiment parfois inconfortable émerge lors de la visite de ce quartier, devenu davantage une vitrine, qu’un véritable lieu de vie. Bien qu’on vous dira qu’en été, les espaces de promenade en bord de mer sont particulièrement animés et prisés des habitants de la ville, on peine pour l’instant à percevoir une réelle vitalité du lieu. Les quelques commerces et restaurants présents n’apparaissent pas suffisants pour recréer l’atmosphère chaleureuse et convivial qu'on attendrait d’un quartier branché et animé. Comme mentionné précédemment, il est aisé de constater l’isolement, le confinement de l’écoquartier par rapport au reste de la ville. 

L’opération, qui se voulait être le laboratoire d’un nouveau modèle urbain, donne à voire une enclave convoitée par une frange relativement aisée de la population. Un peu plus loin, le block Flagghusen, l’extension de Bo01, se voulant plus exemplaire encore, en matière de durabilité et de technicité. Il présente certes une plus grande mixité avec ses 70% de logement en locatif, mais séduit moins sur le plan architecturale et esthétique, que la première opération. Enfin, on tombe à nouveau sur un grand chantier, la dernière phase d’extension appelée Flingharen, vraisemblablement une nouvelle tentative, peut-être la dernière, de réaliser un quartier emblématique de la ville durable du XXIe siècle ?

Pour en savoir plus sur l'opération d'écoquartier 

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